Le monde de jean-luc-gys baigne dans la couleur : couleurs crues, éclatantes, violentes ou suaves qui, dés le premier abord, surprennent et interpellent le visiteur, avant qu'il ne se laisse séduire et fasciner par cette symphonie sauvage.
"on trouve tout dans la couleur" écrivait Baudelaire (curiosités esthétiques), salon de 1846.
Effectivement , tout est dit dans cette couleur qui attire le regard, le heurte et le retient.
fleurs, fruits et portraits sont traités par de larges aplats. C' est la couleur et elle seule qui structure l'espace et compose le sujet.
Cette recherche est particulièrement sensible dans le travail de la série: Les "Platanes" qui montre clairement l'évolution de l'Artiste vers une construction du tableau par la couleur pure.
Les Arbres , réduits à des surfaces de teintes vives, les branches tentaculaires, s'écartent du réel pour acquérir une vie imaginaire et un subtil équilibre qui remuent en nous souvenirs émotions et s'adressent à notre subconscient, plus qu'à notre connaissance éveillée.
JEAN-LUC-GYS n'utilise pas la profondeur, l'ombre et la lumière traditionnelle.
La couleur irradie sa propre lumière.Il faut avoir vu, comme j'en ai eu le privilège, les visages, les bouquets de fleurs éclatantes exposés à la lumière grise d'un jour d'hiver, lumière neutre, atmosphère transparente, qui rendent justice à l’œuvre en ne lui ajoutant aucun éclairage superflu; il faut se laisser envahir par les sensations que suscitent en nous ces tons heurtés, qui blessent et attirent le regard: "une délicieuse souffrance", comme disait Baudelaire contemplant de sa fenêtre l'enseigne violemment contrastée d'un cabaret.
Certes, la couleur de JEAN-LUC-GYS est héritière du fauvisme, est l'héritière du fauvisme, elle s'en distingue pourtant par une utilisation moins raisonnée et plus émotionnelle. C'est toute l'acuité des souvenirs de l'enfance qui nous est ici restituée, violents et riches, poignants ou gais... Une symphonie toujours recommencée ou s'expriment la joie de peindre, l'amour de la nature et la lumière du midi qui a séduit tant de peintres.
En même temps, la série de portraits en particulier, témoigne d'un réflexion lucide et sans concession, qui va bien au-delà de l'instinctif . Les nus, étroitement cadrés, de la "suite Isabelle" nous livrent un visage, souvent cruel, toujours signifiant de la femme.
Cet univers de couleurs ou se plaît la rêverie de l'artiste se décline pourtant parfois en noir et blanc. Ainsi, après avoir peint la" Suite Isabelle", jean-luc-gys reprend plusieurs esquisses du même modèle dans un lavis de brou de noix qui met en relief l'élégance et la précision du trait, seulement souligné de quelques touches brunes.
On ne découvre pas en un instant, l’œuvre de Jean-Luc-Gys , il faut se laisser longuement séduire, et pénétrer dans cet univers ou se melent et se côtoient le quotidien et le rêve.
M-L-Fabrié
( Docteur en Histoire de L'Art)